
Date : 10/05/2022
Sujet :
Le lourd dossier de l’eau en Iroise, deuxième partie

La politique perverse du financement de l’assainissement
Un territoire et plusieurs prix
Pour pouvoir urbaniser le littoral, la communauté de communes étend les réseaux d’assainissement collectif jusqu’à la côte. Cependant, tous les habitants du Pays d’Iroise ne paient pas le même tarif d’assainissement collectif.
Ce sont les communes de Lampaul-Plouarzel, Plouarzel et Landunvez, Lanildut, Porspoder (LLP) qui paient le plus cher et financent en majorité cette urbanisation.
➜ Le service d’assainissement collectif est géré par la communauté de communes. Normalement, celle-ci est dans l’obligation d’appliquer les mêmes tarifs sur tout son territoire, mais c’est loin d’être le cas.
➜ Voici ce que paieront en 2022 les ménages des différentes communes du Pays d’Iroise, pour l’assainissement. Ce sont des prix HT qui vont augmenter considérablement dans les années à venir (sources : tarifs voté en assemblée par la CCPI en 2022).


Les tarifs de l’assainissement pratiqué en Iroise sont parmi les plus élevés du Finistère.
Analyse
Certains habitants paient considérablement plus que d’autres. C’est par exemple le cas des habitants de Lanildut, Landunvez, Porspoder qui paient plus qu’à Brélès alors qu’ils ont déjà financé la construction de la station d’épuration de Saint Denec les années précédentes, à laquelle il est désormais prévu de rattacher Brélès.
La « convergence des tarifs » est prévue… en 2042, dans 20 ans ! La loi demande pourtant que cette convergence se fasse dans « un délai raisonnable ». La communauté de communes a pris la compétence eau et assainissement en 2017 pour toutes les communes : 25 ans est-il un «délai raisonnable » ?
Cette convergence des tarifs prévoit une harmonisation des tarifs vers le haut. Toutes les communes paieront donc à terme le prix payé dans les communes les plus chères. Les citoyens se sont-ils prononcés en faveur de cette politique ? D’où l’assemblée de la CCPI tire-t-elle la légitimité d’une telle politique ?
La commune qui fait l’objet de plus grosses dépenses est très clairement Ploudalmézeau. La communauté de communes a voté 4,6 millions d’euros d’investissements (pour 10M€ de budget) en 2021/2022 pour faire face aux problèmes posés par l’urbanisation de Tréompan qui a été réalisée avant de développer les capacités de la station d’épuration.
À Ploudalmézeau, voici comment le projet a avancé (étape par étape) :
- Urbanisation de la côte (Tréompan), parfois en zone submersible.
- Une fois cette urbanisation effectuée, on cherche à obtenir l’extension du réseau d’assainissement auprès de la communauté de communes. L’autorisation a été obtenue.
- La station se révélant sous dimensionnée, les eaux usées débordent dans le milieu naturel.
- Au constat répété du problème, la décision de sécuriser et d’agrandir la station d’épuration s’impose.
- ce qui peut être répété…
Cette méthode inversée a un coût écologique et économique supporté par les habitants de toutes les communes, au détriment des agriculteurs qui perdent des espaces agricoles et des touriste qui ne doivent pas être trop regardant sur la qualité de l’eau de baignade et voient la côte se bétonner d’année en année.
Pour comprendre le coût écologique des déversements dans la nature [cliquez ici].
Conclusion
- 3 votes contre : des élus de Saint-Renan et de Locmaria-Plouzané
- 3 abstentions : des élus de Plougonvelin et de Ploumoguer.


Dans le Nord-Finistère comme partout ailleurs c’est la politique du « toujours plus » qui commande: toujours plus de zones pavillonnaires, toujours plus de sols rendus imperméables par les surfaces de voies, de parkings goudronnés et par conséquent toujours plus d’eaux pluviales qui doivent être retraitées et toujours plus d’effluents plus ou moins sains car il ne faut pas rêver ce n’est pas de l’eau pure que rejettent les stations d’épuration! Tout le monde est prisonnier de ce cercle infernal: population comme personnel politique. Et quand on parle de « décroissance » on se fait prendre pour un doux rêveur…