
Date : 10/05/2022
Sujet :
Le lourd dossier de l’eau en Iroise, première partie

La politique perverse du financement de l’assainissement
Qui finance l’urbanisation littorale en Pays d’Iroise ?
Des maisons neuves et lotissements situés en zone littorale et même parfois en zone submersible sortent régulièrement de terre. Cette urbanisation du littoral a un coût, certes pour les propriétaires mais également pour la collectivité qui doit assurer différents services publics dont celui de l’assainissement.

Qui paie la facture de l’assainissement ?
Les habitants actuels du Pays d’Iroise. Ils financent les travaux pour les habitants futurs. En effet, l’urbanisation littorale n’est autorisée par les services de l’État que lorsque des réseaux d’assainissement collectifs sont déjà posés. Ce sont les usagers actuels du service d’eau et d’assainissement qui financent la pose de ces kilomètres de tuyaux.
Comment cette urbanisation va-t-elle peser sur le budget des ménages en 2022 ?
La politique des responsables en charge du dossier est plutôt perverse. En effet la stratégie de développement de l’assainissement de l’eau a pour résultat de mettre en place une amplification de l’urbanisation des zones littorales des communes sur notre littoral au détriment in fine des agriculteurs et des contribuables :
- Au départ, il y a un constat général : suite à des analyses de la mauvaise qualité des eaux de baignade, deux« coupables » sont désignés : les assainissements individuels supposés défaillants et les excréments d’oiseaux marins (on notera que le second argument n’apparaît pas très sérieux au regard de l’ampleur du phénomène, il est au mieux marginal)
- Se focaliser sur ces deux « coupables » permet d’éviter d’évoquer l’impact des 800.000 animaux d’élevage pour 48 600 habitants présents en Pays d’Iroise sur la qualité des eaux de baignade. Ne pas l’évoquer c’est hélas aussi ne pas chercher et donc ne pas trouver une solution apaisée et durable à ce problème. Mais il permet de justifier de l’extension des réseaux d’assainissement collectif jusqu’à la côte, y compris en zone peu construite.
- Une fois le réseau d’assainissement collectif posé, l’argument de la rentabilité (au nom de l’intérêt collectif) peut être avancé et donc justifier le raccordement d’un maximum d’usagers à ce réseau.
Nous avons donc un sujet initial lié à l’agriculture qui n’est pas publiquement évoquée, en apparence pour ne pas heurter les agriculteurs. Ce qui est douteux puisque tout d’abord analyser et comprendre un problème ce n’est pas accuser les gens et ensuite parce que cacher un problème c’est justement les mettre implicitement en accusation, sans qu’ils puissent se justifier et sans que personne ne le traite. Mais le pire c’est que le mécanisme mis en route va aboutir années après années à ce que plus de terrains agricoles soient retirés à nos paysans et, par conséquent, pour vivre de leur travail ils vont devoir densifier leur production d’une façon ou d’une autre et ainsi « densifier » les rejets.
Les agriculteurs comme les citoyens sont victimes de cette stratégie perverse.
Résultat, une fois que l’on dispose du réseau d’assainissement collectif étendu, on peut arguer auprès des services de l’État, d’une part que l’urbanisation aura un moindre impact sur l’environnement et d’autre part que si l’on veut abaisser le montant de la facture des usagers il faudra raccorder le plus d’habitations possible. Mais :
➜ Ces extensions des réseaux d’assainissement en zone littorale sont très coûteuses (longueur de tuyaux importante pour peu d’habitants), et les frais se montent en moyenne à 10 000€/maison. Il faudra ensuite entretenir toutes ces canalisations.
➜ L’agence de l’eau qui subventionne les travaux a mis en garde la CCPI sur cette dépense qui va fortement peser sur les finances publiques, aujourd’hui et demain. Or il faut savoir que les services publics d’eau et d’assainissement sont financés par les usagers c’est-à-dire par le règlement des factures d’eau et d’assainissement.
➜ L’agence de l’eau a demandé à la communauté de communes de se concentrer sur l’entretien du réseau existant plutôt que de continuer à le développer. Elle a indiqué qu’elle limiterait désormais le subventionnement de ces extensions.
➜ Malgré cela, la communauté de communes a décidé de poursuivre, et a voté un budget de 11,7 Millions d’euros d’investissements. Ce qui correspond à une dépense de 554 € par ménage pour l’année si la communauté de communes ne reçoit pas de subvention.
➜ Interpelé en conseil communautaire à propos de cet impact sur le budget annuel d’investissement pour l’assainissement, les élus concernés se sont offusqués du constat et n’ont eu pour seule réponse que celui de l’investissement pluriannuel. Il n’en reste pas moins qu’il s’agit de 10 millions d’€ par an voté pour cet investissement d’infrastructures d’assainissement.
Conclusion
Ce mécanisme nous paraissait devoir être expliqué aux habitants de l’Iroise.
Des élus du collectif Citoyens d’Iroise ont voté au conseil communautaire d’avril contre ce budget et cette politique d’assainissement collectif qui fait payer aux habitants du Pays d’Iroise le coût de l’urbanisation du littoral.
Pour accéder au débat sur le vote du budget :
– le lien vers la bande son : https://drive.google.com/…/1ZYS2v2ht90v8dmupYza…/view…
Et vous, que pensez-vous de ce mécanisme de financement des réseaux qui permettent de financer l’urbanisation de notre littoral ?


Merci pour ce travail d’analyse et d’information. On ne peut que se désoler de cette volonté de nos élus de continuer à favoriser les constructions de maisons individuelles le long du littoralet de refuser de traiter le problème de la pollution des eaux lié à l’élevage intensif alors que l’eau potable est un bien commun et très précieux
Voici une pétition de l’association Eaux & Rivière à propos de la suppression des pesticides dans notre eau « potable » : https://petitions.eau-et-rivieres.org/pour-une-eau-sans-pesticides