Choisir un monde dans lequel vivre bien
Choisir un monde dans lequel vivre bien

Choisir un monde dans lequel vivre bien

  Introduction

choisir son mondeVie privée, liberté, santé, vieillissement… dans quelle mesure pouvons-nous choisir un chemin nous menant vers un avenir que nous choisissons, et si possible un avenir meilleur dans le quotidien de notre petite commune au bout du monde ?

Un bon nombre d’entre nous se sentent dépassés voire dépossédés de ce genre de choix. Tout au plus s’expriment-ils en mode « soupape de sécurité » lors de mouvements comme celui des gilets jaunes qui a touché la France ces derniers mois. Mais une fois le moment de colère passé, chacun s’en retourne au quotidien et laisse à d’autres les choix qui pourtant structurent leur vie.

Ce n’est à mon sens pas une fatalité : si on ne peut pas tout, nous sommes loin d’être dépossédés de tous les choix qui concernent notre mieux vivre.

Choisir de rester un citoyen responsable dans un monde de turbulences numériques

turbulences du monde numériqueIl se trouve que j’ai eu l’idée de cet article alors que je remplissais le dossier de transport scolaire de mes filles. En plus d’être agacé par le fait de récrire n fois la même chose chaque année, je faisais le constat que certaines informations violaient le principe dit « de proportionnalité » des lois Informatique & Liberté et RGPD. Ces informations de nature personnelle n’ayant rien à voir avec l’objet du traitement (le transport scolaire) elles étaient de fait illégalement collectées. Chemin faisant, mon esprit vagabondant entre deux cases à remplir, j’en suis venu à me demander combien d’informations personnelles inutiles aux traitements demandés étaient collectées par nos administrations (et bien sûr les sociétés privées). Et finalement, joignant l’acte à la réflexion, je me suis fendu d’un courrier à notre maire pour exercer mes droits de consultation de mes données personnelles, histoire de savoir ce qu’il en était dans notre commune. Affaire à suivre…

Mais au-delà de cet agacement ponctuel, la question de la maîtrise de ses données personnelles par tout-un-chacun est une vraie question de société. La numérisation des services publics présente bien des avantages mais elle génère une vraie perte d’autonomie pour nombre de personnes. Or perdre son autonomie en matière de services publics cela signifie perdre une partie de sa citoyenneté et dans certains cas de sa liberté. Le brexit et l’élection de Donald Trump ont montré qu’il était possible de biaiser une élection. Le programme de scoring social mis en place en Chine montre que certains pays sont prêts à restreindre les libertés individuelles en se basant sur des décisions prises par un algorithme. Et le passage d’une surveillance humaine par caméra à une surveillance algorithmique est facile, elle peut être faite presque du jour au lendemain, y compris dans une petite commune comme Plougonvelin.

Il est impératif que chaque citoyen soit conscient de la tantaculaire menace que le numérique fait peser sur leur vie privée et leur liberté pour qu’il fasse pression sur nos élus. Nous avons (encore) le moyen de nous protéger. Les lois Informatique & Liberté et RGPD sont des outils à notre disposition. Informons-nous. Utilisons-les.

Le monde de demain sera meilleur si la révolution numérique respecte nos libertés et la démocratie.

Choisir son système de santé de proximité

Parmi les très bonnes choses apportées par les services numériques, il y a l’arrivée de systèmes de diagnostic et de prévention à un niveau de qualité et pour un coût inégalé. À très court terme, des services de prévention ou de diagnostics médicaux permettront de prévenir les crises cardiaques, AVC ou cancers pour ne citer que les exemples les plus frappants. La question est de savoir comment ces services doivent se déployer.

Doit-on s’en remettre à notre système de santé national actuel dont on connaît aussi bien les vertus que les défauts ? Doit-on attendre que google clique à votre écran pour utiliser ces services ? Doit-on attendre que les professions de santé de son territoire se mobilisent d’elles-même ?

Je pense pour ma part que si ces trois options sont à regarder, il est important d’être proactif et d’organiser au plus près de son territoire l’évolution de la politique de santé public. Les pouvoirs publics et en particulier les communes ou communautés de communes peuvent parfaitement faire avancer les choses. Il me semble fondamental de réunir le maximum d’acteurs et d’expérimenter localement tout ce qui peut être mis en place en matière de prévention et d’assistance au diagnostic.

 

À Plougonvelin, nous sommes à 20 mn d’un CHU. Cela signifie que l’on peut choisir à terme de ne plus mourir d’une crise cardiaque par exemple en déployant de façon efficace des services numériques de prévention et de diagnostic. Il s’agit ici de choix personnels et de choix politiques à faire. Ce serait plus utile que d’essayer de construire une maison de santé dont on ne voit pas la viabilité.

prévention - aide au diagnostic
Prévention & Aide au diagnostic

Choisir de bien vieillir

J’ai à titre personnel l’occasion de constater ce que la collectivité faisait pour aider les personnes âgées à mieux vivre leur vieillesse. Globalement, nous pouvons être assez fiers de ce qui a été mis en place, aussi bien par les acteurs des services de santé, aide à domicile, services publics.

Finalement la principale difficulté rencontrée est (en qualité d’aidant) de savoir où trouver de l’aide lorsque la question se pose. Allez voir le CCAS n’est pas forcément « naturel ». Le CLIC proposé par la CCPI n’est pas un service qui m’a paru très utile. Trouver la bonne société d’aide à domicile est aléatoire. On peut se trouver démuni lorsqu’il s’agit de trouver des associations plus spécialisées. S’équiper d’appareils facilitant le quotidien ressemble à une quête mystérieuse et c’est encore plus vrai pour les nouveaux services numériques utiles à cet âge. Finalement, même si cela ne couvre pas tous ces éléments, le CDAS est le point d’entrée incontournable.

Beaucoup de possibilités existent mais il manque il me semble un vrai service public cohérent, visible et proactif capable d’englober tous les aspects (et ils sont nombreux) qui entrent en jeu. Et comme pour le système de santé, il y a là aussi matière à expérimenter pour utiliser au mieux les nouveaux services numériques qui arrivent et qui peuvent être des auxiliaires de vie précieux en complément de ce qui existe déjà.

Le CDAS est un service qui doit se développer au-delà de son nécessaire périmètre de confidentialité. Là aussi il faut expérimenter pour choisir de mieux vieillir.

Conclusion

Si nous restons passifs par rapport à l’évolution numérique de notre société, nous risquons d’être dépossédés de notre citoyenneté et de notre liberté. Mais ce n’est pas une fatalité loin de là. Nous pouvons choisir d’utiliser le numérique pour améliorer notre démocratie, notre système de prévention de santé, notre système d’aide aux plus âges d’entre nous.
Nous devons garder la maîtrise de cette évolution en ayant comme ligne directrice, pour reprendre Protagoras, que l’Homme est la mesure de tout. Les services numériques, aussi puissants et utiles soient-ils, doivent toujours être au service de chacun. Lorsqu’une décision importante doit être prise, en dernier ressort elle doit être prise par une personne. Ces services doivent aider, enrichir les relations interpersonnelles, ils ne doivent pas s’y substituer.
 
Nous pouvons, nous devons faire des choix pour vivre bien dans ce monde qui se construit.

Philippe RIS

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