Date : 20/06/2022
Sujet :
Analyse des résultats des élections législatives 2022.
Je ne résiste pas à vous transmettre mon analyse des résultats des législatives de ce mois de juin 2022, aussi bien au niveau national que local.
Des résultats conformes à mes prévisions… ou presque
Depuis plusieurs mois déjà, ma lecture du paysage politique national est celle d’une France de la IVème République. Je m’attendais donc à ce que l’assemblée ne dégage pas de majorité absolue, ce qui est le cas.
Ce qui est plus surprenant, c’est le score beaucoup plus faible qu’anticipé pour le groupe Ensembles (LREM, Modem, Horizons et alliés). Les électeurs ont manifestement voulu signifier (ou rappeler) qu’à l’élection présidentielle le Président élu l’avait été « faute de mieux » et pas par adhésion politique.
L’assemblée élue en mode puzzle est aussi la conséquence de la volonté présidentielle de ne pas faire une vraie campagne électorale et de la stratégie du Président qui depuis plus de cinq ans n’a eu de cesse que de vouloir tuer les partis de gouvernement (PS / LR) avec son discours du en même temps, ni droite ni gauche. Or cette stratégie n’a finalement pas abouti à une version française du parti unique mais à ce morcellement caractérisé par un renforcement de la radicalité et des extrêmes.
Le RN n’en demandait d’ailleurs pas tant puisque sa montée était déjà quasi continue depuis plusieurs décennies, comme c’est le cas dans beaucoup de pays européens. Sa candidate a sans doute été la première surprise de ce résultat, elle qui avait commencé la campagne des législatives… en partant en vacances !
Ironiquement, la guerre déclenchée par Poutine puis cette lecture erronée de la situation politique par la candidate RN nous a sans doute préservé de l’élection de Marine LePen à la présidence et d’un groupe d’extrême droite beaucoup plus important à l’assemblée nationale.
L’assemblée nationale est donc un puzzle sans majorité, ni même une majorité relative viable.
L’assemblée penche clairement à droite et avec une extrême droite difficilement contournable. C’est sans doute la raison pour laquelle des signaux ont déjà été émis par quelques élus #LREM en faveur d’une alliance avec l’extrême droite. La question est donc de savoir s’il y aura assez d’élus au sein de Ensembles pour faire capoter ces velléités.
Le groupe du Président de la République est de toute façon extrêmement fragilisé. Lors du dernier mandat, les troupes présidentielles avaient perdu 45 députés par démissions successives. Maintenant, privé de toute possibilité de débaucher des gens en promettant des choses pour l’avenir puisque la constitution interdit au Président de se présenter à nouveau, privé de Richard Ferrand défait par Mélanie Thomin en Finistère, il n’est pas impossible que le groupe LREM se délite dans les mois ou semaines à venir.
On l’aura compris, l’avenir de cette assemblée paraît fort compromis et une dissolution avant cinq ans est très probable. Le premier signal a été donné par la démission de la Première Ministre (pour l’instant refusée).
La constitution de la Vème République ne fonctionne qu’avec des personnalités fortes à la tête de groupes politiques forts et c’est tout le contraire que nous avons aujourd’hui. Une assemblée IVème République ne peut fonctionner longtemps dans ces conditions. La démission du Président n’est pas non plus totalement à exclure en cas de nouveau désaveu cinglant.
Et en Iroise ?
Les résultats en Iroise (3ème circonscription du Finistère) ne traduisent absolument pas ce qui s’est passé au niveau national. En apparence, le député LREM sortant a été confortablement réélu face à son adversaire LFI / NUPES.
Ceci n’est pas dû à une activité législative exceptionnelle du député LREM lors de son dernier mandat, celle-ci étant particulièrement maigrelette pour ne pas dire plus.
Ceci n’est pas dû non plus à la profondeur de sa pensée politique. L’ayant côtoyé lors de son long parcours socialiste, je sais qu’elle se limite à suivre les ordres du chef, quitte à en changer au moment opportun.
Non, une partie de l’explication est plutôt que l’homme est aimable, voire affable, qu’il est adepte du « pas de vagues » et qu’en vieux routier politique local, il sait entretenir sa cote d’intérêt(s) auprès des autres élus locaux. Donc l’homme est un aimable convive au repas du dimanche mais ne comptez pas sur lui pour changer l’ordre établi.
L’autre partie de l’explication est liée à son adversaire de la France Insoumise. Les qualités de ce dernier ne sont pas en cause et le personnage est lui aussi plutôt sympathique et en plus jeune. Mais à l’exception de sa partie urbaine, la circonscription est globalement conservatrice et peu encline à suivre les modes nationales. Il est difficile d’y faire campagne avec une image aussi « bruyante » que celle de JL Mélenchon. Elle peut être gagnée par un candidat de gauche comme cela a déjà été le cas. Mais il faut un profil plus modéré, implanté localement et ne véhiculant pas des idées « de bobos parisiens« . L’électeur d’Iroise a le tempérament bien trempé et jaloux de sa singularité…
Voilà donc pourquoi le score a été si net en faveur du candidat sortant alors que c’était beaucoup plus disputé ailleurs en Finistère. Mais en cas de dissolution à venir et en période de gros temps, pas sûr que cela suffise à nouveau.
On ne pouvait pas s’attendre à autre chose sur la 3e.
Dans le cadre de la majorité relative Didier risque de devoir se mouiller un peu plus. Pas trop son truc !!!!!
La NUPES risque de voler en éclats rapidement quand on entend les réactions des LFI.
Bonne journée