Risques sanitaires liés aux pollutions d’eau de baignade de mer
Risques sanitaires liés aux pollutions d’eau de baignade de mer

Risques sanitaires liés aux pollutions d’eau de baignade de mer

bain de mer

Date : 24/09/2020

Sujet :

Nous publions un premier article de fond sur les risques sanitaires liés aux pollution d’eaux de baignade de mer.

Avant propos

Lorsque l’on est élu de l’opposition, la capacité d’action sur la politique municipale est à peu près nulle. Cependant, lorsqu’elle s’en donne les moyens, l’opposition n’est pas réduite à jouer les spectateurs et dispose des moyens d’informer voire d’alerter les citoyens.

C’est bien dans ce sens que nous voulons travailler et mener notre mandat et c’est pourquoi j’ai demandé au docteur Sanquer de produire un travail sur la pollution et des risques sanitaires. Les éléments présentés ici sont factuels et ne préjugent pas de ce que peut ou veut faire la municipalité en la matière.

À une époque d’instantanéité et de communication en quelques caractères, nous avons choisi de vous proposer un texte un peu plus long tout en restant accessible.

À une époque de mensonge érigé en outil de gouvernance, nous avons choisi de donner des informations vérifiables.

À une époque où le sensationnel muselle le rationnel, nous avons choisi de nous adresser à votre intelligence, à votre réflexion.

Nous voulons mener un mandat utile, un mandat démontrant par l’exemple que l’on peut faire de la politique autrement. N’hésitez pas à réagir dans les commentaires.

Bonne lecture,

Ph.RIS

Introduction

Les pollutions d’eaux de baignade sont recherchées par des prélèvements d’eau des lieux les plus fréquentés indiqués par la mairie pendant la saison touristique (début juin à mi septembre), rarement en dehors de cette période , sauf auto surveillance par certaines municipalités mais de toute façon pas prises en compte pour la classification des sites (à Plougonvelin , le Trez Hir et Bertheaume , Porsmilin étant rattaché ou pas à Locmaria Plouzané).

1) Quels types de pollutions ?

Ces prélèvements recherchent la présence de bactéries toxiques (Escherichia coli -EC- et entérocoques intestinaux -IE- ) :

  • à un dosage inférieur à 100/mL montrant une eau de bonne qualité…
  • entre 100 et 1000 pour EC et 100 et 370 pour IE : qualité moyenne ;
  • plus de 100 et 370 : eaux de mauvaise qualité ( cf 1).
Par ailleurs, une observation de l’environnement global de la baignade (déchets, macro algues, coloration de l’eau, hydrocarbures, irisation etc) doit être effectuée .
Ceci pour les eaux de mer .
 
Pour les eaux douces, il existe d’autres recherches éventuelles (leptospiroses par exemple).
Les polluants chimiques sont suivis au titre notamment de la directive cadre sur l’eau et de la directive cadre sur les milieux marins dont la mise en ouvre est assurée par le ministère chargé de l’écologie.
Ces prélèvements EC et IE sont effectués une fois par semaine pendant la saison touristique ou moins. Si les résultats sont mauvais , ceux ci sont transmis au gestionnaire de l’eau de baignade, le maire, qui peut par arrêté municipal interdire temporairement la baignade, arrêté qui doit être porté à la connaissance des usagers .
Cette interdiction peut être formulée par le préfet en cas de carence avérée du maire ou risque important et caractérisé .
Les causes de ces pollutions en sont le plus souvent
  • les insuffisances ou défaut des systèmes d’eau usées, eaux pluviales, individuels ou collectifs ,
  • des apports diffus par le réseau hydrographique,
  • ou par la faune domestique ou sauvage,
  • ou par les incivilités (vidange d’eaux noires par les plaisanciers ou camping caristes par exemple).

C’est au gestionnaire de rechercher les sources de ces contaminations et d’envisager des actions pour améliorer la qualité de ces eaux de baignade. Les coquillages concentrant davantage les polluants que les eaux, et étant consommés le plus souvent crus, la pêche à pied peut être interdite avant même la baignade .

analyse eau

2) Les risques liés à cette pollution

Ils sont réels mais pas obligatoirement liés à l’intensité de la pollution : en effet, chaque individu ne réagit pas de la même façon à ces pollutions. Cela dépend aussi beaucoup de son état immunologique et de la façon dont il a été en contact avec ces polluants (pathologies ou blessures cutanées préexistantes par exemple).

Les risques sanitaires liés à l’eau sont dus à l’utilisation d’une eau polluée, impropre à l’usage voulu, comme par exemples :

  • La consommation de l’eau (boisson, …),
  • de produits vivants ou issus de cultures en milieux aquatiques (coquillages, …) ;
  • La baignade ;
  • L’utilisation en milieu hospitalier (eau chaude sanitaire, eau ultra pure, …).

En fonction des polluants, le risque sanitaire est de nature infectieuse (virus, bactéries, parasites, champignons), chimique (minéral, organique), ou physique (thermique, radioactif).

En France, trois agences de sécurité sanitaire observent et évaluent le risque sanitaire :

  • l’Agence française de sécurité sanitaire (Anses),
  • l’Institut de veille sanitaire (INVS)
  • et l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).

Les risques encourus le sont à plus ou moins longs termes. Certains sont connus et avérés pour la santé, et d’autres sont suspectés voire émergents. La baignade en eau polluée augmente le risque d’apparition de troubles de santé. En effet, en cas de baignade dans une eau contenant des germes pathogènes au-delà d’une certaine concentration, des pathologies de la sphère oto-rhino laryngée, de l’appareil digestif (gastro-entérite) ou des yeux peuvent apparaître.

Ce risque dépend aussi de l’état de santé du baigneur et de ses pratiques (durée de la baignade, immersion de la tête.,.).

Pour les eaux en piscine, le risque sanitaire d’ordre microbiologique entraîne de potentielles affections cutanées bénignes : mycoses, eczéma, verrue, etc., ainsi que plus rarement des affections ORL ou digestives et des conjonctivites.

Un risque sanitaire chimique est constaté, de par les produits utilisés lors de la désinfection ou du traitement de l’eau (produits chlorés, acides).
Enfin, la consommation de coquillages contaminés par des bactéries, virus et plancton toxique entraîne le plus souvent des symptômes similaires à ceux d’une gastroentérite (maux de ventre, diarrhées, nausées et vomissements) qui surviennent peu de temps après leur ingestion, généralement quelques heures à quelques jours.
Parfois, les coquillages contaminés peuvent être responsables de maladies infectieuses beaucoup plus graves comme l’hépatite A ou la fièvre typhoïde ou, en cas d’ingestion de certaines formes de plancton toxique, de troubles neurologiques et respiratoires graves pouvant aller jusqu’au décès. (source : Ministère de la Santé)

Les principaux risques sanitaires à court terme liés à l’eau sont généralement d’ordre infectieux. Ils proviennent de la présence de micro-organismes (bactéries, virus, parasites). Les effets sont généralement bénins (troubles digestifs, mycoses) mais peuvent s’avérer plus importants (hépatites, leptospirose, typhoïde, cholera, légionellose …).
Pour les risques encourus à long terme, les symptômes dépendent de la dose et de la durée d’exposition. Les maladies développées ont souvent une origine chimique :

  • saturnisme lié au plomb,
  • cancers liés à l’arsenic, au mercure, au chrome, aux nitrates, aux hydrocarbures … présents dans l’eau. (source : Eau France)

a) Les risques à court terme

Désormais peu répandus dans les pays riches, ils restent problématiques dans les pays en voie de développement, où les diarrhées sont la 2e cause de mortalité infantile. La qualité microbiologique de l’eau reste ainsi la première préoccupation de santé publique à l’échelle mondiale. La contamination de l’eau de boisson joue un rôle très important dans ces pays du fait de l’absence d’assainissement et des difficultés d’approvisionnement en eau. L’eau contaminée par des déchets humains, animaux ou chimiques apporte notamment le choléra, la typhoïde, la polio, l’hépatite A et E (par ingestion d’eau ou d’aliments contaminés), et la diarrhée.

D’autres maladies sont indirectement véhiculées par l’eau. Par exemple, des vers présents dans certaines eaux douces (essentiellement dans les zones tropicales et subtropicales) peuvent infecter les organismes humains, provoquant la schistosomiase ou bilharziose.
Les pays riches sont eux encore concernés par la légionellose (maladie infectieuse due à une bactérie qui se développe dans les réseaux d’eau douce naturels ou artificiels).

b) Les risques à moyen et long terme

La contamination par les organismes pathogènes est très rapide, une seule absorption d’eau infectée pouvant suffire. Si d’autres matières présentes dans l’eau sont sans risque pour la santé en dessous d’une certaine concentration, certaines sont toxiques même à l’état de trace.

Ces risques sont aggravés par les facteurs de temps d’exposition, de bioaccumulation, de bioamplification, de recombinaison…

Voici quelques exemples des substances rencontrées et de leur impact avéré ou suspecté sur la santé, notamment lors de l’absorption de l’eau :

  • Les pesticides
    • Il s’agit des substances chimiques destinées à protéger les végétaux contre les organismes nuisibles et à détruire les végétaux indésirables, et les produits biocides. Ils sont majoritairement utilisés par le secteur agricole mais aussi par l’industrie, les gestionnaires d’équipements ou de réseaux de transport, les collectivités locales ou les particuliers.
      Les risques sanitaires liés à l’exposition des personnes aux pesticides sont soit des intoxications aigües des utilisateurs (absorption accidentelles du produit, contact cutané ou inhalation lors de la manipulation des produits ou lors de l’application du traitement), soit des risques à longs termes dus à une exposition chronique, quant à eux plus difficiles à apprécier.
      Des études épidémiologiques ont mis en évidence les liens sur la santé, avec notamment l’apparition de cancers (leucémie), des effets neurologiques et des troubles de la reproduction (stérilité, avortements, malformations, perturbation du système hormonal, …).
      Les pesticides forment une famille très nombreuse. Ils se dégradent dans la nature, leurs produits de dégradation pouvant se recombiner en d’autres substances, parfois plus toxique que leurs substances originelles, dont les effets sont difficiles à évaluer.
  • Les nitrates
    • Les nitrates sont présents dans le sol et à l’état naturel, comme résidus de la vie des végétaux, des animaux et des Hommes. Cependant, la pollution des eaux par les nitrates est principalement due à son apport en forte concentration sous forme d’engrais (lisiers, engrais minéraux).
      Les nitrates peuvent se transformer en nitrites, qui sont la cause de réduction des capacités d’oxygénation des tissus.
      Les nourrissons et les femmes enceintes sont les populations les plus sensibles (maladie bleue du nourrisson ouméthémoglobinémie).
      Les nitrates peuvent également être à l’origine de la formation de nitrosamines (par réaction entre les dérivés de nitrites et certains acides aminés). Les nitrosamines se sont
      révélées cancérigènes chez certaines espèces animales. Le risque cancérigène chez l’Homme reste discuté, les résultats des différentes études épidémiologiques étant non
      concordants à ce sujet.
  • Les perturbateurs endocriniens
    • Il s’agit de substances chimiques d’origine naturelle ou artificielle qui peuvent interférer avec le fonctionnement des glandes endocrines, organes responsables de la sécrétion
      des hormones. Ces molécules agissent à très faibles doses sur l’équilibre hormonal de nombreuses espèces vivantes, et sont susceptibles d’avoir des effets indésirables sur la
      santé en altérant des fonctions telles que la croissance, le comportement,la reproduction.
      On peut les retrouver dans l’eau et l’alimentation, mais aussi dans l’air et les cosmétiques. Un résidu de médicament peut être un perturbateur endocrinien, mais d’autres polluants peuvent également engendrer des perturbations endocriniennes (pesticides, herbicides,
      détergents, métaux …).
  • Les sous produits de désinfection (SPC) :
    • Les désinfectants comme le chlore, l’ozone et le dioxyde de chlore jouent un rôle prépondérant dans la protection de l’eau potable contre les microbes et dans la prévention des maladies transmissibles par l’eau. Cependant, ces désinfectants peuvent également réagir avec des substances présentes naturellement dans l’eau et former certains sous-produits indésirables, ce qui peut poser un problème du point de vue sanitaire.
      Les risques sur la santé seraient les cancers colorectal (pas de consensus) et de la vessie (consensus des études).
  • Le fluor :
    • Le fluor se fixe sur les dents et les os. Les marges entre les doses utiles et nocives sont faibles : absorbé en excès, il peut entrainer des fluoroses dentaires (taches roses sur l’émail) et osseuses (déformations osseuses et articulaires).
      Par contre à certaines doses il a des effets bénéfiques (prévention des caries dentaires). (Source : ARS Poitou-Charentes)
  • La radioactivité :
    • Des contrôles sont effectués, pour contrôler les radioéléments dans les eaux. Certains sont présents naturellement. D’autres radioéléments sont présents à très faibles concentrations dans les eaux de la Vienne, dans les eaux prélevées à Châtellerault et à Vaux sur Vienne pour partie de par les rejets de la centrale nucléaire de Civaux.
      (Source : ARS Poitou-Charentes)
  • Les métaux :
    • Différents métaux comme l’aluminium, l’arsenic, le chrome, le cobalt, le cuivre, le manganèse, le nickel, le zinc… ou encore à des métaux lourds comme le cadmium, le mercure ou le plomb, plus toxiques que les précédents, peuvent se retrouver dans l’eau.
      Ils proviennent pour les activités humaines, essentiellement :
      • des rejets d’usines, notamment de tanneries (cadmium, chrome), de papeteries (mercure), d’usines de fabrication de chlore (mercure) et d’usines métallurgiques, des épandages sur les sols agricoles d’oligo-éléments ou de boues résiduelles d’épuration,
      • de l’utilisation de certains fongicides (mercure),
      • des retombées des poussières atmosphériques émises lors de l’incinération de déchets (mercure) ou de la combustion d’essence automobile (plomb),
      • du ruissellement des eaux de pluie sur les toitures et les routes (zinc, cuivre, plomb).
    • La majorité des éléments métalliques est toutefois indispensable à la vie animale et végétale (oligo-éléments).
      Cependant, à des doses importantes, ils peuvent se révéler très nocifs. La pollution métallique des milieux aquatiques pose un problème particulier car non biodégradable. Elle a tendance à se concentrer dans les organismes vivants (bioaccumulation ou bioamplification).
      Les effets toxicologiques varient suivant le métal et sa forme chimique. De façon générale, les troubles les plus fréquents sont d’ordre respiratoire, digestif, nerveux ou cutané. Certains métaux sont également considérés comme cancérigènes : Arsenic (cancers de la vessie, du rein, de la peau, du poumon), Nickel, Chrome VI.
      Concernant le plomb , métal lourd, sa présence est liée à la dissolution des matériaux constitutifs des réseaux de distribution, largement utilisés jusque dans les années 50,
      engendrant maintenant un remplacement des canalisations et branchements l’utilisant. Il est toxique par effet cumulatif, notamment sur les enfants. Exposés de manière prolongée à de faibles doses de plomb ils peuvent développer le saturnisme, maladie touchant le système nerveux central et périphérique, ainsi que des problèmes pulmonaires, rénaux, digestifs et sanguins.(3)

À suivre…

explosion de la dune de porsmilin

3) la gastro entérite :


a) les symptômes :
La gastro entérite est le principal risque avec les eaux de baignades en eau de mer dans nos régions La GE est définie différemment selon les études comme l’apparition d’un symptôme ou de plusieurs simultanément : vomissement ou diarrhées (avec au moins 3 selles par jours), nausées accompagnées de fièvre ; les symptômes durant au moins une partie de journée, vomissement, ou diarrhées, ou bien nausées accompagnées de fièvre ; les symptômes durant au moins une partie de journée TDG (troubles digestifs généraux) : nausées, vomissements, diarrhées, douleurs abdominales, avec ou sans fièvre TDO (troubles digestifs objectifs) :
manifestations plus objectives (diarrhées ou vomissements) que des symptômes tels que douleurs abdominales ou stomacales TDHC (troubles digestifs hautement crédibles) : troubles
très objectifs comme les vomissements ou les associations diarrhée + fièvre, ou douleur abdominale + fièvre

b) la prévalence :
Ces symptômes ne conduisent pas nécessairement les personnes à effectuer une consultation ou une consommation médicale. Wiedenmann et al (2004), par exemple, évaluent à 8 % environ la proportion des personnes, qui souffrant d’une gastro-entérite , ont consulté un médecin. Ce chiffre est identique chez les baigneurs (exposés) et les non-baigneurs (non-exposés), cependant, une augmentation significative des GE liée à la baignade est observée dans la majorité des études.
Le risque de GE est positivement et significativement relié aux concentrations en EC et IE dans la plupart des études. C’est moins vrai pour les EC en eau de mer, du fait
vraisemblablement d’une moindre durée de vie de ces organismes dans les dites eaux (OMS, 1999 et 2003). EC et IE sont les témoins de la contamination fécale d’un site, potentiellement indicateurs d’une contamination en agents pathogènes (virus par exemple) liés au péril fécal.
Dans les études épidémiologiques de Kay et al (1994)et de Wiedenmann et al (2004), fondées sur un protocole expérimental similaire, des mesures de concentration rapprochées dans le temps et dans l’espace ont été réalisées : le temps et l’espace de baignade sont
échantillonnés de façon à appréhender au mieux l’exposition individuelle de chaque baigneur aux indicateurs.
Ces études permettent donc de relier un risque de GE à des concentrations en IE et EC du milieu auxquelles ont été exposés chaque baigneur individuellement. Bien que ne soit pas mesurée l’exposition à l’agent infectieux, cette relation sera appelée « dose-réponse »2 par simplicité.
Wiedenmann et al considèrent à propos de la gastroentérite qu’il existe une proportion de la population qui est immunisée ou asymptomatique (figures 1) et que de ce fait, dans la relation dose-réponse, l’excès de risque sature rapidement lorsque la concentration en indicateur augmente. Ils proposent alors une modélisation de relation dose-réponse constituée (figure 2) : – d’un NOAEL (no observed adverse effect level), autrement dit la
concentration en dessous de laquelle ne s’observe pas d’augmentation significative des cas de GE ; – d’un excès de risque (ER) moyen de GE constant dès que la concentration en EC ou en IE dépasse la NOAEL. partition mondiale, à dominante tropicale, touchant en France métropolitaine environ 300 personnes par an, beaucoup plus fréquente dans les départements d’outre-mer avec une recrudescence en été et en automne liée à la chaleur et aux précipitations.
Les excès de risques estimés par Kay et al (1994) sont plus élevés que ceux des autres études, même en considérant les valeurs les plus élevées de Wiedenmann et al (2004) et les estimations les plus hautes effectuées à partir de la méta-analyse de l’InVS (2001) et ce alors même que l’exposition maximale observée dans l’étude de Kay et al est de 158 IE/100 mL. Néanmoins Kay et al (2001) ont, par une ré-analyse des données en 2001, validé la
robustesse de ces résultats aux différents cofacteurs et hypothèses de modélisation.
Ces valeurs d’excès de risques ou de seuils sans effet sont des valeurs moyennes estimées à partir de plusieurs sites. Leur utilisation dans le cas d’un site en particulier est
délicate, voire peu pertinente, car le lien entre concentration en indicateurs fécaux et concentration en organismes pathogènes n’est pas identique d’un site à l’autre. Il n’est
d’ailleurs probablement pas identique au cours du temps sur un même site.
La nature de Afsset • Rapport méthodologique :
Valeurs seuils « échantillon unique » pour les eaux de baignade 10 septembre 2007 15 la cause de la contamination, la taille de la zone urbaine en amont, la présence ou non de stations d’épuration et le niveau d’efficacité de cette épuration interviennent sur ce lien
(Rambaud, 2004). Un indicateur est pertinent si sa présence et son absence, voire sa croissance et sa décroissance, suivent celles des agents pathogènes en cause.
Dans le cas présent, il serait logique de considérer qu’un faible dénombrement d’EC et d’IE reflète une faible contamination fécale du site et par conséquent un risque
plus faible de contamination en agents pathogènes (virus en particulier) liés au péril fécal responsables de la gastroentérite. Néanmoins, les durées de vies différentes des bactéries et des virus dans le milieu et dans les processus de traitement des eaux usées peuvent venir démentir cette logique. Un fort dénombrement d’EC ou d’IE est signe d’une probabilité plus importante d’une contamination en agents pathogènes, mais n’implique pas
leur présence de manière déterministe.
Les concentrations seuils sans effet sont pour les IE respectivement de 32 unités/100 mL selon Kay et al (1994)en eau de mer et de 25 unités/100 mL selon Wiedenmann et al (2004) en eau douce, ce qui correspond également selon Wiedemann à 100 unités d’EC/100 mL. Ces valeurs sont donc proches entre ces deux études. Les excès de risque individuel de GE sont, selon les différentes études sources, compris entre 3,5 et 39 % (!) pour une exposition
autour de 200 IE/100 mL ou de 1000 EC/100 mL. L’analyse des données de Wiedenmann et al (2004) par classe de niveaux de contamination (quartiles) fait apparaître une augmentation croissante du risque de GE avec le niveau de contamination en indicateurs. L’excès de risque individuel atteint 9 % en moyenne pour des concentrations d’exposition en EC comprises entre 445 et 4600 unités/100 mL et 9,6 % pour des concentrations en IE comprises entre 115 et 1200 unités/100 mL, sans plus de précision. Ce sont les plus hautes valeurs d’exposition aux indicateurs pour lesquelles on dispose d’une mesure de l’excès de risque. Il est difficile d’évaluer les risques associés à des expositions supérieures à 200 IE/100 mL ou à 1000 EC/100 mL. Les relations dose-réponse utilisées sont censurées par les
valeurs d’exposition aux indicateurs observées dans les études.(2)

c )les causes :
Les germes fécaux proviennent des excréments des oiseaux, des mammifères ou des égouts. Le danger de ces germes existe quand ils s’accumulent dans les eaux, stagnantes ou pas. Les germes les plus fréquemment retrouvés sont les entérocoques, les entérobactéries (Escherichia coli), les salmonelles, le virus de l’hépatite A,… les entérovirus Le contact avec des germes pathogènes est surtout susceptible de provoquer des maladies ORL (otites externes, pharyngites), cutanées (surinfections de plaies), respiratoires ou digestives (gastro- entérites). Le risque de développer une maladie dépendra de la quantité d’eau ingérée, de la virulence du germe et de l’état de santé de l’individu (pathologie plus grave si immunodépression comme on peut le voir chez certains sportifs). Cependant, toute la difficulté est de savoir si la survenue de symptômes est réellement liée à l’exposition à l’eau polluée ou à une infection d’une autre origine (gastro-entérite…alimentaire par exemple ) c’est le nombre de cas simultanés qui est l’argument le plus important associé à des circonstances favorisantes Actuellement les recommandations sont la recherche des deux germes pathogènes les plus fréquents précédemment cités (entérocoque et Echerichia coli) car la présence en excès d’un de ces deux germes suffit à montrer l’existence d’une pollution à germes fécaux. En cas d’infection lié à un de ces germes une consultation médicale doit avoir lieu pour juger de l’utilité d’un traitement antibiotique.(7)

d)les autres infections liées à EC et IE:
Les eaux polluées augmentent aussi les risques d’otite externe. Pour les prévenir, il est conseillé de ne pas garder les oreilles mouillées après une sortie de bain ou de session
et de bien les sécher.
Si vous savez que l’eau est réputée pour ne pas être très saine, il est même conseillé de porter des bouchons d’oreilles à chaque baignade ou session. « C’est très important de bien se rincer quand on sort de l’eau. La peau mais surtout les muqueuses : oreilles, yeux ».
De même, il est possible d’avoir une conjonctivite infectieuse suite à une baignade en eau contaminée. Le symptôme est principalement l’œil qui devient rouge et dans ce cas, gratte ou picote. Une conjonctivite nécessite un nettoyage quotidien de l’œil avec du sérum
physiologique ainsi que du collyre anti-bactérien.(10)

4 les risques liés à d’autres agents pathogènes que EC et IE :

a) les eaux colorées :
En mer comme en eau douce, on observe parfois des phénomènes d’eaux colorées, vertes, rouges ou brunes communément appelés « fleurs d’eau » ou « blooms algaux ». Ces phénomènes sont liés à la prolifération d’algues microscopiques (ou phytoplancton) qui se développent en fonction des caractéristiques de l’eau (quantités de sels nutritifs, azote et phosphore, température, …).
Certaines zones de baignade en mer ou en eau douce à certaines périodes de l’année, sont particulièrement propices au développement du phytoplancton. Parmi toutes les espèces de phytoplancton, certaines produisent des toxines pouvant être à l’origine de troubles de santé pour les baigneurs, la toxicité étant fonction de la quantité de toxines produites.
Pour évaluer le risque, quand une eau de baignade change soudainement de couleur un comptage des cyanobactéries et dans certains cas un dosage de toxine (dont le résultat est généralement exprimé en quantité de microcystine LR) est effectué.
Les ARS participent au recueil d’informations sur la présence de cyanobactéries dans les sites de baignade en eau douce.
En mer, la surveillance des phénomènes de prolifération d’algues est effectuée grâce au Réseau Phytoplanctonique (REPHY) mis en place depuis 1984 par l’IFREMER (Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la MER). Les données du REPHY peuvent, le cas échéant, être complétées par celles acquises par divers organismes de recherches, laboratoires universitaires, ou institutions non directement impliqués dans les processus réglementaires, comme par exemple le CERBOM (Centre d’Etudes et de Recherches de Biologie et d’Océanographie Médicale en Méditerranée).(5)
En eau de mer, les blooms sont souvent spectaculaires mais peu d’entre eux présentent des risques pour la baignade. La toxicité concerne surtout les coquillages filtreurs qui peuvent alors devenir impropres à la consommation. (la pêche à pied).
En eau douce, les risques sont liés à la présence de  toxines libérées par les algues de la famille des cyanobactéries (souvent appelées algues bleues). Celles-ci se développent en particulier dans les eaux peu profondes, tièdes, calmes et riches en nutriments.
Selon leurs types, les toxines sont, à certains seuils, susceptibles d’être à l’origine de troubles somatiques de nature et d’intensité variables tels que des gastro-entérites aiguës, voire des atteintes neurologiques. Ces troubles surviennent à la suite d’une ingestion ou éventuellement de l’inhalation d’eau contaminée.(4)

Les algues rouges et brunes en mer (ou Infection à l’algue Ostreopsis ovata)
L’Ostreopsis ovata est une algue monocellulaire signalée de plus en plus fréquemment en Méditerranée, synthétisant une toxine appelée palytoxine. Elle peut entraîner lorsque
les concentrations en toxines dans l’eau deviennent importantes des épisodes aigus respiratoires avec fièvre ou des irritations, accompagnées de toux, de fièvres et de
problèmes respiratoires. Les symptômes peuvent survenir même sans boire l’eau mais par la seule inhalation d’embruns. Une consultation doit avoir lieu en cas de troubles secondaires à une exposition proches d’eaux contaminées.

b)La dermatite du baigneur:
La dermatite du baigneur est une affection de la peau  causée par des larves que l’on retrouve sur certaines plages. Ces larves proviennent des excréments des oiseaux aquatiques tels que les canards qui contaminent les escargots en bordure du rivage. Ces petites larves portent le nom de «cercaires », presque impossible de oe les voir à l’ il nu. Lors de la baignade, les cercaires se collent à votre peau jusqu’au moment où vous sortez de l’eau.
Sous l’action du soleil, la peau s’assèche et les cercaires piquent votre peau pour y pénétrer De petites plaques rouges apparaissent alors. Après plusieurs heures, elles gonflent pour ressembler à des piqûres d’insectes. Des démangeaisons plus ou moins intenses apparaissent ensuite et peuvent durer plus de 10 jours. Cette affection de la peau n’est pas suffisamment grave pour s’empêcher de se baigner et n’est pas contagieuse. Un traitement symptomatique suffit pour calmer les troubles.

c)La leptospirose:
Il s’agit d’une maladie infectieuse transmise accidentellement à l’homme à partir d’un vecteur animal due à un spirochète (bactérie filamenteuse, hélicoïdale) du genre Leptospira. Cette maladie se transmet par le contact de la peau ou des muqueuses (ORL, conjonctive oculaire) avec de l’eau douce contaminée par l’urine d’animaux infectés (rongeurs, chiens, bovins, chevaux, porcs..).
La présence de plaies cutanées même minimes facilite la pénétration des bactéries, mais une peau ramollie au contact prolongé de l’eau peut tout à fait laisser pénétrer les bactéries.
La maladie chez l’homme bien que souvent bénigne peut cependant être sévère, pouvant conduire à l’insuffisance rénale, grave voire mortelle.
Certaines professions (vétérinaires, agriculteurs, … éleveurs, égoutiers, éboueurs ) et les personnes pratiquant des loisirs nautiques (natation en eau libre, baignade, canoë-kayak, pêche, chasse, canyonning…) sont plus particulièrement exposées. L’incubation, silencieuse, dure de quelques jours à 3 semaines puis apparaissent une fièvre supérieure à 38,5°C, des céphalées, des douleurs musculaires faisant penser à un syndrome grippal. La prise d’antibiotiques peut faire régresser ces symptômes rapidement, le diagnostic de leptospirose n’est pas toujours posé car rare et pouvant prendre le masque de nombreuses
autres infections . Néanmoins, la réapparition de la fièvre vers le 15ème jour est très évocateur de la leptospirose et surtout de son évolution vers une forme viscérale (rénale,
cutanée, neurologique, syndrome hémorragique, etc.).
Toute fièvre persistante chez une personne nageant en eau libre doit consulter son médecin et le diagnostic de leptospirose doit être évoqué et rechercher. Il existe un vaccin contre la leptospirose (qui ne protège pas à 100 %) dont la prescription peut être discuté avec son médecin selon l’importance du risque lié aux habitudes du sportif d)Virus dans les eaux de baignades :
Une nouvelle étude, portant sur plus de 1400 prélèvements d’eaux côtières ou douces dans 9 pays d’Europe, a découvert des virus dans près de 40% d’entre eux.
Les concentrations sont faibles, mais les chercheurs déclarent qu’il est nécessaire de surveiller la présence de microorganismes, particulièrement lorsque leur nombre augmente par exemple après de for tes pluies.
Contrairement aux bactéries comme l’entérocoque intestinal et Escherichia coli, aucune limite n’est définie pour les virus par la législation européenne sur les eaux de baignade. Elle demande simplement de conduire des travaux scientifiques pour déterminer les paramètres de référence et trouver des méthodes fiables de détection.
Le projet VIROBATHE a regroupé 16 organismes de recherche venant d’Allemagne, d’Espagne, de France, d’Italie, de Chypre, de Pologne, du Portugal, des Pays-Bas et du Royaume-Uni, et évalué la présence d’adénovirus (virus à ADN) et de norovirus (des virus à ARN causant la
gastroentérite) dans 1410 échantillons d’eaux de baignade, en eau douce ou en mer. C’est ainsi que des partenaires de VIROBATHE à l’université de Barcelone (UB) ont étudié les
plages de Gavà.
L’équipe a constaté que 553 échantillons (39,2%)

Conclusion

Pour la saison balnéaire 2020, dans le contexte particulier de l’épidémie de COVID-19, les
recommandations sanitaires en matière de baignade portent avant tout sur l’existence d’un profil de baignade actualisé pour les baignades dites réglementées, c’est-à-dire régulièrement entretenues, ayant établi un profil de baignade et faisant l’objet d’un contrôle sanitaire au titre du Code de la santé publique.
Le profil de baignade est un outil de gestion préventive qui a pour objectif d’évaluer la vulnérabilité du site à travers l’inventaire et l’analyse des sources de pollution de la baignade (contamination bactériologique, chimique, développement algal et de cyanobactéries, présence de méduses, rejets d’eaux usées, etc.) et de définir des mesures de gestion pour réduire ces risques de pollution.
Cet outil de gestion permet ainsi de prendre les mesures nécessaires et adaptées pour protéger les baigneurs en cas de rejets d’assainissement à proximité des sites de baignade.
Par ailleurs, le Haut Conseil de la Santé Publique rappelle dans son avis du 1er mai 2020 qu’en l’état des connaissances, la transmission du virus est essentiellement inter-humaine à partir d’aérosolisation de particules virales contenues dans les gouttelettes et par contacts mains/visage.
En conséquence, le risque majeur pour ces sites de baignade est lié à la promiscuité. Il est donc nécessaire d’y respecter les gestes barrières, y compris des mesures de distanciation physique, ainsi que les consignes complémentaires qui pourraient être édictées dans cette période (entretien des plages, des infrastructures, etc).

bibliographie

  1. www. bretagne. ars.santé.fr/ qualité des eaux de baignade)
  2. WWW.anses.fr/fr/systeme/fi4les/eaux2007et 1537Ra
  3. wwxw.eau_poitou-charentes.org/risques-santé-maladieseau
  4. baignades.sante.gouv.fr/baignades
  5. www.ifremer.fr
  6. www.prefectures-regions.gouv.fr/hauts-de-france720180613-les-risques-infectieux-lors-de-labaignade.docx.pdf( fédération de triathlon)
  7. www.notre planète.info/actualites/2900-virus_baignade_mer
  8. Microsoft Word – Baignade saine Baigneurs 3 mai 07.doc
  9. Eaux polluées, quels risques pour la santé ? – SurfSession
  10. Les toxines paralysantes des coquillages | Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation

3 commentaires

    1. voici la réponse sur le site de l’ars :

      a) Comment interprétez-vous les résultats d’analyses (en cours de saison) ? Les résultats d’analyses des prélèvements d’eau effectués tout au long de la saison touristique sont comparés aux références de qualité fixées par le ministère en charge de la santé, précisées dans le tableau suivant :
      Baignades en mer (NPP/100 ml) Baignades en eau douce (NPP/100 ml)
      Qualité sanitaire des échantillons d’eau E. coli Entérocoques intestinaux E. coli Entérocoques intestinaux Bon ≤ 100 ≤ 100 ≤ 100 ≤ 100 Moyen > 100 et ≤ 1000 > 100 et ≤ 370 > 100 et ≤ 1800 > 100 et ≤ 660 Mauvais > 1000 > 370 > 1800 > 660
      La qualité de l’eau correspond à celle établie pour le paramètre bactérien le plus déclassant, c’est-à-dire :
      – l’eau est de bonne qualité lorsque les résultats des deux paramètres sont de bonne qualité ;
      – l’eau est de qualité moyenne lorsque le résultat d’au moins un des deux paramètres est de qualité moyenne ;
      – l’eau est de mauvaise qualité lorsque le résultat d’au moins un des deux paramètres est de qualité mauvaise.

      b) Que fait l’ARS si un résultat d’analyse lié au contrôle sanitaire est mauvais ?
      Lorsque l’ARS a connaissance d’un résultat d’analyse de mauvaise qualité, elle en informe immédiatement le gestionnaire de l’eau de baignade et lui communique systématiquement un avis sanitaire qui établit notamment l’opportunité d’interdire temporairement la baignade et, éventuellement, les autres usages sanitaires pratiqués sur le site (pêche à pied par exemple).

      (https://www.bretagne.ars.sante.fr/system/files/2019-07/FAQ%20Presse_VF.pdf) »

      analyse de l'eau

  1. francoise sanquer

    hélas, ces seuls dosages EC et EI ne donnent qu’une petite idée des polluants des eaux de baignades , polluants qui deviennent de plus en plus présents et dangereux .. Et ces dosages eux même dépendent beaucoup de l(‘endroit de prélèvements effectués aux endroits de fortes fréquentations de baigneurs et non aux endroits vraiment pollués ( sorties de ruisseau ou d’ égouts ou de zones d’épandage … )

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