Emploi & économie numérique (2/2)
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L’impact du numérique sur l’emploi au sein des entreprises

Si dans un monde numérique les actifs ont la possibilité et l’intérêt de passer à une nouvelle définition de l’emploi, qu’en est-il pour les entreprises ?

Le modèle de l’entreprise « vieille économie »

emploi-3Traditionnellement une entreprise c’est un ensemble de moyens de production dont les revenus servent à financer son fonctionnement et rémunérer des tiers. Dans le vieux modèle, on a besoin d’argent pour les apports en capital (beaucoup) et le BFR (plus ou moins). L’autre élément de production est le travail fourni la plupart du temps par les salariés de l’entreprise et des tiers sous-traitants et partenaires.
De façon simplifiée, la valeur ajoutée créée par l’entreprise permet de rémunérer les actionnaires et de financer la protection sociale

L’impact du numérique sur l’entreprise

emploi-4Comme pour les actifs, le numérique va avoir des conséquences profondes sur le modèle de l’entreprise.
Tout d’abord, une entreprise numérique n’a besoin que de très peu de capitaux d’investissement, mais énormément pour ses fonds de roulement (on peut créer une startup numérique avec quelques euros, mais si le modèle est bon elle va consommer des millions d’euros à un rythme accéléré jusqu’à arriver à son potentiel).
L’évolution la plus fondamentale concerne cependant le travail. Lorsque l’on compare AirBnB et AccorHotels, il apparaît facialement que le premier est infiniment plus productif que le second puisqu’ils ont une capacité supérieure de location tout en employant moins de personnel. Or la réalité est exactement inverse. La productivité d’AirBnB est probablement catastrophique mais la société utilise un mécanisme très important de l’économie numérique : la désintermédiation ou plutôt ici la dislocation de la chaîne de valeur permettant de produire le service. Dans un tel modèle, la société utilise le capital personnel de production de certains individus (ses clients « bailleurs ») en remplacement de son personnel salarié mais aussi de ses investissements (ici dans des chambres d’hôtel). Une grosse partie de la production est réalisée par les clients eux-même, ce qui est classique en économie numérique.
Enfin, dans un tel modèle, non seulement le prix de la prestation chute considérablement mais une partie peut parfaitement être démonétisée et payée sous forme de troc de services.
La conséquence directe est une chute des ressources financières pour rémunérer les actionnaires et financer la protection sociale ainsi qu’une diminution drastique du nombre de salariés dans les entreprises de la nouvelle économie.

Pistes de financement de la protection sociale

emploi-5Avec l’apparition du capital personnel de production, la notion même d’entreprise est brouillée (elle n’est d’ailleurs juridiquement pas si claire que cela). Toute personne, même mineure est désormais un producteur qui a la capacité de réaliser des échanges de valeur via le troc de services de l’économie numérique.
Ce modèle se révèle beaucoup plus efficace que l’ancien modèle de production et à moins de restreindre la liberté d’exploiter notre capacité personnelle de production, ce nouveau modèle s’impose à notre société et s’oppose à l’ancienne économie.
En attendant de savoir comment nous pouvons créer une protection sociale sur un modèle d’économie numérique, il faut trouver un moyen de la financer. La démographie ne permettait pas de financer correctement la protection sociale, la bascule généralisée dans l’économie numérique va aggraver la situation puisqu’on ne pourra plus s’appuyer sur l’emploi salarié.
Une première piste est de transférer l’intégralité des charges salariales vers une taxe sur les flux financiers quels qu’ils soient. Ceci doit être couplé à une disparition de l’argent non numérique. Les entreprises ne seront plus collectrices des taxes, ce sont les organismes en charge des flux qui le seront (les banques aujourd’hui).
Une autre piste serait d’introduire les mécanismes numériques dans la protection sociale. Après tout, si l’on adopte le point de vue d’un État vu comme un ensemble de services publics, on se retrouve avec un acteur particulièrement bien qualifié pour tirer tous les bénéfices d’une nouvelle économie qui est par nature une économie basée sur les services.

Conclusion

Les nouveaux mécanismes introduits par l’économie numérique incitent naturellement les individus comme les entreprises à considérer l’emploi salarié comme moins attractif. S’il est peu probable qu’il disparaisse totalement, il est en revanche très probable que l’on voit une accélération de la chute du nombre de salariés, ce qui menace directement le mode de financement de notre modèle social.
Pour des raisons fondamentales comme la liberté et le droit d’utiliser ses propres capacités pour entreprendre comme des raisons pratiques liées à l’efficacité de l’économie numérique, il est illusoire de penser stopper une évolution qui s’impose très rapidement à nous.
Il est par contre nécessaire et urgent de s’approprier ce sujet et de choisir en toute connaissance de cause du nouveau modèle de nos sociétés et de notre société.

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