Bilan de ma première année de mandat
Bilan de ma première année de mandat

Bilan de ma première année de mandat

cap plougonvelin

Date : 02/07/2021

Sujet : mandat 2020-2026. Bilan de la 1ère année

La première année de mon mandat d’élu d’opposition s’achève. Une année dense. Une année de combat. Une année avec son lot de surprises. Une année au goût étrange.

Avant même de siéger pour la première fois au conseil municipal, je n’avais pas d’illusion sur la capacité d’un élu d’opposition à peser sur les décisions du conseil. C’est pourquoi avec l’équipe Cap Plougonvelin nous nous étions fixés deux objectifs : témoigner de ce qui se passe et contrôler ce qui se décide au conseil.
La première prise de parole du Maire lors du premier conseil a rapidement confirmé notre analyse. Loin de jouer l’apaisement, le rassemblement et l’appel aux compétences, la diatribe qu’il m’a adressée lors de ce conseil municipal était une déclaration de guerre revancharde, pas l’expression sereine d’un homme désirant mener son second mandat de façon apaisée et consensuelle. Propos réitérés en juin. Dont acte, j’ai toujours su m’adapter pour faire ce qui devait l’être, surtout quand il s’agit de l’intérêt commun, et ce discours n’était pas vraiment une surprise puisque le premier élu avait déjà agi de la sorte six ans auparavant.
Ce qui est excessif est vain, nul besoin d’y prêter plus d’attention.

 

Cette année a cependant abouti sur des constats plus qu’étonnants.

Comme beaucoup d’entre vous j’imagine, j’ai une opinion critique vis-à-vis du personnel politique en général et de certaines pratiques peu compatibles avec l’intérêt commun. Cela ne récuse pas l’idée de quelques exceptions et je ne suis par ailleurs pas adepte du « tous pourris » mais il est clair que le triste spectacle politicien qui nous est donné nationalement tout au long de l’année n’incite pas à l’indulgence, ni sur le fond, ni sur la forme.
L’époque est au verbiage mêlant mauvais anglais et vocabulaire techno, aux mots utilisés à contre-emploi, aux discours creux et hélas au mensonge érigé en mode de pensée. À la réalité alternative et au discours « performatif » diront certains.
La réflexion politique se limite aujourd’hui trop souvent à « tout se vaut ».
L’ambition idéologique à la liberté d’accepter sans réflexion la bien-pensance dont on nous abreuve à longueur de temps.
Quand à l’action politique, elle suit trop souvent l’intérêt personnel et l’immédiat. La vision collective de long terme est trop peu attractive pour qui pense surtout à se faire réélire.

Mais je pensais qu’il s’agissait là de lointaines perversions « parisiennes ». Sans m’attendre à des fulgurances, je croyais que la République telle qu’elle se vivait au plus près des citoyens serait un peu plus saine, moins institutionnellement dégradée. Je pensais que les grands maux de la Républiques étaient liés aux grands enjeux de pouvoir. Je pensais qu’éloignés des ambitions politiques personnelles nationales, les humbles serviteurs de l’État et le citoyen (ceux de la France d’en bas) étaient en mesure de sauvegarder ce qui est le principe vital de la République, ce que Montesquieu appelle la vertu républicaine.

« [la vertu est] l’amour de la patrie, c’est-à-dire, l’amour de l’égalité », « l’homme de bien, dont il est question, n’est pas l’homme de bien chrétien, mais l’homme de bien politique… C’est l’homme qui aime les lois de son pays, et qui agit par amour des lois de son pays. ».

Or pendant toute cette première année de mandat, j’ai été obligé de me battre à plusieurs reprises pour faire connaître des choses à l’évidence en marge de l’application simple et normale des lois. J’ai vu des choix municipaux faits en faveur de l’intérêt privé au détriment de l’intérêt collectif.
Tout cela pour des intérêts souvent assez misérables.
Tout cela validés par des élus trop souvent tenus par leurs obligations partisanes. Mais pas seulement. La faute est partagée au-delà du politique par certains qui sont censés servir l’État, défendre la légalité, incarner la vertu républicaine au service de l’État.
Tout cela rendu inaudible par le bruit médiatique.
Tout cela rendu possible par la trop faible présence des citoyens a qui on a réussi à faire croire que la chose politique était sale par nature et ne les concernait pas, que leur avis n’avait de valeur que quelques secondes par an, que la fatalité était leur seul horizon.

Qu’on en juge.

Troisième conseil municipal (en fait le premier réuni pour des raisons autres que purement administratives). Lors de ce troisième conseil, j’ai dû prononcer un réquisitoire contre le projet qui nous était présenté : l’extension du désormais célèbre élevage porcin. Ce vote n’avait aucune obligation légale d’être délivré par le conseil. Il s’agissait d’aider à faire passer un dossier privé en préfecture, sans impact social ou économique notable pour la commune. Or ici celui qui avait mis le vote à l’ordre du jour, celui qui avait signé le dossier, celui qui avait donné les autorisations municipales et celui qui aurait dû contrôler les aspects sanitaires des eaux pour la CCPI était une seule et même personne. Conflit d’intérêts évident, qui plus est sur un dossier marqué par le sceau des approximations, des erreurs grossières voire la falsification d’une des questions du cerfa. Malgré tout, le vote a été favorable et en dépit des actions de plusieurs associations de défense de l’environnement, les services de l’État ont validé l’extension faisant fi des preuves et des vices constatés. L’affaire n’est cependant pas terminée.

Conseil municipal du 29 septembre. Dans le cadre d’un débat pour le renouvellement de la dénomination de « commune touristique », j’interpelle le Maire à propos d’un courrier de la Direction Départementale des Territoires de la mer adressé au maire de Plougonvelin. Ce courrier relevait de graves anomalies et une violation potentielle de la loi en matière de gestion de la plage du Trez Hir. Il a fallu que je réitère plusieurs fois ma question (à l’occasion de plusieurs conseils), que je refuse de signer le PV du conseil municipal de septembre 2020 qui avait « oublié » mon intervention sur le sujet pour obtenir une réponse sur ce courrier). Ou plus exactement, j’ai finalement obtenu une réponse… qui ne répondait pas à la question !

À partir de décembre 2020 et à l’occasion de tous les conseils municipaux suivants jusqu’en juin 2021, j’ai insisté sur l’illégalité des conseils municipaux qui se déroulaient sans public ni diffusion numérique, ce qui est clairement illégal. Il s’est avéré que cette violation de la loi n’était pas propre à Plougonvelin et que si certaines municipalités de l’Iroise avaient fait l’effort d’aménager la tenue de leurs séances tout en respectant le protocole sanitaire, plusieurs dont notre commune s’y refusaient obstinément. C’est pourquoi, après l’échec d’un recours auprès du Préfet, Cap Plougonvelin s’est rapproché d’autres élus ou simples citoyens d’Iroise pour mener une action collective auprès de la CCPI. Cette action a été un plein succès au niveau du conseil communautaire puisque son Président a accédé à toutes nos demandes. Mais le retour à la raison et à la loi n’a pas concerné Plougonvelin qui a maintenu sa position jusqu’à l’allègement du protocole sanitaire de juin.
De là à penser que certains Maires appliquent un droit coutumier et que la France n’est pas un État de droit…

Enfin, et sans que la liste des actions menées soit ici exhaustive, Cap Plougonvelin a mené une enquête de plusieurs mois sur « l’affaire de la nécropole » :
https://www.philippe-ris.fr/enquete-sur-la-necropole-de-plougonvelin-acte-i-lhistoire/
https://www.philippe-ris.fr/enquete-sur-la-necropole-de-plougonvelin-acte-ii-lhistoire-administrative/
https://www.philippe-ris.fr/enquete-sur-la-necropole-de-plougonvelin-acte-iii-lanalyse-politique/
En synthèse, Plougonvelin a(vait) sur son territoire ce qui s’est avéré être la plus grande nécropole de l’âge de bronze découverte en Bretagne. Cette nécropole était connue depuis des dizaines d’années mais son importance n’avait pas été comprise jusqu’aux fouilles de fin 2020. Notre enquête a montré que la municipalité aurait pu sauver ces vestiges dont la valeur patrimoniale, touristique, économique aurait été d’un niveau exceptionnel. Mais l’intérêt privé a été privilégié, le terrain n’a pas été préempté (alors que la vente a été finalisée en décembre 2020). Notre enquête a également relevé que le terrain qui restait de cette nécropole avait été déclassé en 2018 (il était à l’origine inconstructible car classé en zone de présomption archéologique). Nous n’avons pas pu obtenir l’acte administratif de cette décision (si cet acte existe).
En votant pour cette majorité en mars 2020, les Plougonvelinois savaient que la politique menée par cette majorité ferait peu de cas de notre patrimoine. Mais ils n’avaient sans doute pas vu que la décision de détruire le cœur de bourg, l’école et la fleur de blé n’était en fait que le premier acte d’une politique de destruction massive. La nécropole est l’acte II et on ne peut que craindre la suite.
À nouveau, même si Cap Plougonvelin a mobilisé tous ses moyens pour enquêter et vous informer, nous devons constater que l’opacité de certaines décisions administratives, le désintérêt pour le patrimoine, la culture et le choix de ne pas privilégier l’intérêt commun face à l’intérêt individuel privé ont abouti à ce désastre.

Et face à ces funestes actions, aucun conseil consacré à l’aide aux Plougonvelinois pendant le covid, pas plus de consacré à des actions de relance économique ou pour sauver les associations qui ont dû se dissoudre à cause du confinement. Pas d’empathie. Pas de sentiment. Beaucoup d’énergie lorsque cette majorité veut défendre un élevage porcin. Le silence lorsqu’il s’agit d’être présent pour les Plougonvelinois.

 

En introduction je parlais de constats étonnants, mais consternants est sans doute plus approprié à la situation de Plougonvelin. Alors oui, du sommet de l’État à notre petite mairie en passant par les rouages de l’administration d’État, le constat est bien que notre République ne fonctionne plus selon ses principes fondateurs. Le respect de la loi n’est plus un impératif. La morale individuelle et la vertu collective ne sont plus que des mots rendus désuets par des pratiques souvent cyniques, inacceptables. Le citoyen n’est qu’un levier à savoir manier une fois tous les six ans.

Je témoigne par l’action que Cap Plougonvelin a mené tout au long de cette année qu’ils restent des citoyens, élus ou pas, pour se battre contre le naufrage de la République Française.

Mais sommes-nous assez nombreux ?

Nous avons besoin de toutes les bonnes volontés. Nous avons besoin de vous.

Philippe RIS

saint-mathieu plougonvelin

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